mardi 7 juin 2011

LE LIVRE NOIR DU PQ

Un de ces jours, un historien écrira sans doute le Livre Noir du PQ. Il n’y aura pas, bien sûr, des monceaux de cadavres comme dans le Livre Noir du Communisme. Mais il y aura sûrement la relation détaillée des règlements de compte suicidaires, la description édifiante des coups de poignard dans le dos, le récit douloureux des trahisons crève-cœur, la radiographie des chausse-trapes et des pièges que l’on place sur le parcours du chef (surtout quand le parti est dans l’opposition), l’analyse fine des emmerderies des coupeurs de cheveux en quatre.

Je vous assure, un Livre Noir sur le PQ, ça serait un gros succès de librairie…dans la section roman de cape et d’épée.

La démission récente de trois députés (Beaudoin, Curzi, Lapointe) constituerait sans nul doute un chapitre croustillant.

Je me souviens que Pierre-Marc Johnson avait obtenu lors d’un congrès un solide appui des militants. Six mois plus tard, il n’était plus là, laissant la place à Jacques Parizeau qui attendait en coulisse.

Il y a des ressemblances entre le calvaire de P-M Johnson et ce qui arrive à Pauline Marois : cette dernière a battu un record de soutien des militants au dernier congrès du PQ (93%) et, malgré tout, comme ce fut le cas de P-M Johnson, des députés sont entrés en rébellion, remettant en question son leadership.

Il y a toutefois une grande différence avec le chemin de croix de P-M Johnson. Dans le cas présent, il n’y a pas de successeur de l’envergure de Parizeau qui piaffe d’impatience dans l’ombre.

Pauline Marois va donc certainement rester à la tête du parti, mais la désertion de trois députés influents risque de compromettre la prise du pouvoir qui, normalement, ne serait-ce qu’en vertu de l’alternance, lui était pratiquement assurée.

Ce qui me sidère et m’éberlue dans cette histoire, c’est le motif du départ : les trois rebelles quittent (officiellement du moins…) sur une triviale et prosaïque «question d’aréna». Je sais bien qu’ils s’efforcent de revêtir leur raison de partir des oripeaux de la «question de principe» et de la conviction éthique. Tout de même! Ça manque singulièrement de crédibilité.

Sérieusement – tout en comprenant qu’on puisse être en désaccord avec un projet de loi aux fins de sécuriser juridiquement une entente Ville de Québec-Québécor sur la construction d’un amphithéâtre – j’ai du mal à saisir que ça puisse justifier un départ fracassant du caucus.

Lorsque plusieurs ministres (dont certains étaient de vieux amis de René Lévesque : Parizeau, Laurin) ont quitté le gouvernement du PQ en 1984, c’était sur une question fondamentale, celle du Beau Risque. Ce dernier, rappelez-vous (moi, je ne peux certes pas l’oublier, car c’est cette «hémorragie» qui m’a permis d’entrer au Conseil des Ministres), constituait un virage considérable puisqu’il s’agissait de répondre à l’appel du nouveau Premier Ministre du Canada, Brian Mulroney, qui souhaitait réparer les dégâts du Coup de Force trudeauiste de 1982.

Pas sur une question d’aréna! Pas sur un projet d’infrastructure! Pas sur un banal projet de loi privé!

Les trois démissionnaires conscients de la légèreté (pour ne pas dire la frivolité) de leur motif de départ, ont centré leurs propos sur la nature de la gouvernance au PQ. Lisette Lapointe n’y va pas avec le dos de la cuillère. Elle dénonce « l’autorité outrancière d’une direction obsédée par le pouvoir ». C’est énorme! Je l’avoue, je ne croyais pas que Pauline Marois était tellement…stalinienne!

Louise Beaudoin, elle, prend soudainement conscience qu’il est urgent de faire de la politique…autrement. Ah! Bon! Mais comme elle savait très bien que la «ligne de parti» est une composante essentielle de la joute parlementaire, pourquoi, à 65 ans, a-t-elle décidé de rempiler? Surprenant!

Quant à Pierre Curzi, il nous revient avec la métaphore du miroir. En restant, avoue-t-il, «je n’aurais pas pu me regarder dans le miroir». Le miroir est un accessoire d’acteur, pas de politicien. Il ne faut pas trop en user…surtout quand on a tendance à voir de l’inconfort moral en toutes choses, y compris une «question d’aréna».

Ceux qui lisent ce blogue savent très bien que je suis souvent critique à l’égard du PQ (dont j’ai pourtant porté les couleurs à l’Assemblée Nationale pendant 25 ans). Je suis souvent en désaccord avec plusieurs de ses positions. C’est mon droit d’homme libre, n’étant plus ni député, ni militant.

Mais lorsqu’on est député, comme c’est le cas des quatre déserteurs (un autre s’est ajouté), j’ai toujours cru que la loyauté était une vertu essentielle et qu’il faut des raisons fondamentales pour s’en dépouiller.

René Lévesque et Pierre-Marc Johnson ont été désarçonnés et évincés sur la question de la souveraineté, la raison d’être du parti. C’était triste et désolant mais les déchirements portaient au moins sur des sujets de fond.

Dans le cas présent, on plonge Pauline Marois dans un terrible embarras...sur un vulgaire dossier d’infrastructure. Ça dépasse l’entendement!

Dernière nouvelle : Jean Charest reporte à l’automne  le débat et le vote sur le projet de loi Labeaume!! L’urgence a soudainement disparu. Aurait-il appliqué un plan démoniaque pour semer la zizanie dans les rangs du PQ? Si c’est le cas, c’est d’une perversité machiavélique absolument répugnante.

Jacques Brassard
Là, c'est vrai, je prend congé jusqu'en août.

dimanche 5 juin 2011

COMPLÉMENT DE RÉPONSE

Un lecteur anonyme (dont vous pourrez lire le commentaire ci-dessous) me semonce et me critique parce que j’ai précisé à propos de l’Agité du Plateau «que l’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme». Il conclut sa missive par un «n’importe quoi!» méprisant. Ce qui, je l’avoue, m’a agacé et piqué au vif.

Je ne suis évidemment pas le seul à affirmer un lien indissoluble entre antisémitisme et antisionisme. Pierre-André Taguieff, dans un livre-phare sur la question, intitulé La Judéophobie des Modernes, démontre, en long et en large, et sur la base d’une abondante documentation, qu’à l’époque du Jihad islamiste (c’est notre époque) la haine du Juif (la plus vieille haine du monde) a revêtu la défroque de l’antisionisme, c’est-à-dire une virulente négation de la légitimité de l’État juif et une volonté acharnée de l’anéantir.

Il suffit d’ailleurs de faire l’effort de prendre connaissance des motivations profondes (et affichées) sur lesquelles s’appuie le refus systématique de reconnaître l’existence de l’État juif, pour constater que c’est la haine du Juif (une haine tenace, féroce, pathologique) qui en est le principal fondement.

L’axe doctrinale de l’islamisme radical est très claire : il faut éradiquer l’État juif… parce qu’il faut effacer toutes traces de la présence juive au Proche et au Moyen-Orient; l’antisionisme (le refus de l’État hébreu) est nourri et justifié par l’antisémitisme (la haine du Juif).

Si vous ignorez cette haine, présente dans tous les discours et toutes les actions de toute la nébuleuse islamiste et jihadiste (théocratie iranienne, Hamas, Hezbollah, Frères Musulmans, Al Qaida, Fatah etc.), c’est que vous pratiquez l’aveuglement et la surdité volontaires.

Par conséquent, les occidentaux, surtout de gauche, qui soutiennent, prétendument pour lutter contre le néo-colonialisme, la position antisioniste des islamistes de tout poil, et tout particulièrement celle des Palestiniens (incarnant à leurs yeux la Victime exemplaire et l’Opprimé par excellence), cautionnent du même coup l’antisémitisme, c’est-à-dire la haine du Juif, qui constitue le sous-bassement idéologique de cette position.

Si vous ne voyez pas la jonction essentielle, l’accouplage indissoluble entre les deux, c’est que vous faites partie de la grande cohorte des Idiots Utiles.

Dernière remarque. Quand vous affirmez qu’il y a des «millions de Juifs qui, pour des raisons religieuses et personnelles, sont contre l’existence d’Israël», là, vraiment, vous débloquez à fond! Des millions!? Comme vous dites à mon propos…c’est n’importe quoi! Je sais très bien qu’il existe certains ultra-orthodoxes et certains hyper-gauchistes juifs (tel Noam Chomsky) qui pensent ainsi, mais des millions? Quand même! Soyons sérieux!

Il faut, par ailleurs, savoir faire la différence entre critiquer les décisions et les actions du gouvernement israélien (ce qui est une réalité constante, aussi bien en Israël que parmi les amis d’Israël, parce que, voyez-vous, Israël est une démocratie, une authentique) et nier la légitimité et le droit à l’existence de l’État juif.

Je sais bien que je ne vous aurai sans doute pas convaincu. Et je sais aussi très bien que vous ne lirez probablement pas le livre exceptionnel de Pierre-André Taguieff.

Et je crains que vous ne lirez pas non plus le livre remarquablement lucide de Michel Gurfinkiel : Israël peut-il Survivre? La Nouvelle Règle du Jeu.

Je me permets d’ailleurs, en conclusion, de vous citer un extrait de ce dernier.

«Être promis à la destruction par les uns, être abandonné par les autres : aucun peuple ne peut prendre à la légère une telle situation. Israël moins qu’un autre. Le peuple juif garde dans sa mémoire collective d’autres génocides et d’autres trahisons : l’Égypte pharaonique, la Perse achéménide, la Rome d’Hadrien, l’extermination des juifs et des judaïsants d’Arabie, les expulsions d’Angleterre, de France, d’Espagne, les pogroms d’Occident et de Russie, et enfin la Shoa. Quand le président de la République islamique iranienne, Mahmoud Ahmadinejad, affirme —en accord avec le guide spirituel Ali Khamenei – qu’Israël doit être «rayé de la carte» (2005) ou qu’il est entré «dans le processus de l’anéantissement» (2008), les Israéliens et les autres juifs à travers le monde se rappellent d’autres imprécations, dans le Reich allemand des années 1930. Qui furent suivies d’effet.»

L'État d'Israël est un État de trop et , pour reprendre l'expression de Taguieff, «le peuple juif est un intrus dans le genre humain», telles sont les deux faces du fantasme idéologique qui surplombre le monde contemporain.

Jacques Brassard

vendredi 3 juin 2011

L'AGITÉ DU PLATEAU

Les bobos du Plateau nous ont fait un bien joli cadeau aux dernières élections : ils ont envoyé à l’Assemblée Nationale Amir Khadir, le co-chef de Québec-solidaire. Comme ils sont généreux!

Mais attention! Plusieurs, au Québec et dans les médias, sont enclins à le ranger dans la catégorie des énergumènes populistes. D’autres, et ils sont semble-t-il nombreux, le considèrent comme un Robin des Bois au service de la veuve et de l’orphelin. Les uns et les autres ont bien tort.

Le Camarade Khadir, c’est surtout, voyez-vous, l’incarnation accomplie de l’écolo-socialisme québécois, crachant à tout vent sa haine inextinguible de l’entreprise privée capitaliste. C’est aussi un modèle exemplaire de l’anti-américanisme pathologique, pour qui les États-Unis d’Amérique sont un monstre impérialiste. Il est même conspirationiste, étant porté à croire que le 11 Septembre est le fruit d’un complot américano-sioniste. C’est enfin un antisioniste enragé, ce qui signifie qu’il nie toute légitimité au peuple Juif d’avoir un État bien à lui dans son antique patrie. Et je précise que l’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme.

Tel est l’Agité du Plateau dans toute sa splendeur!

Toutes ses actions et tous ses discours sont donc fondés sur cette idéologie écolo-socialiste, anti-américaine et antisioniste.

Qu’il lance ses godasses sur un poster de Bush; qu’il harcèle un modeste marchand en prêchant le boycott de son commerce parce qu’il vend des chaussures fabriquées en Israël; qu’il exprime son hostilité à l’égard de Pierre-Karl Péladeau parce qu’il est riche et qu’il a réussi; qu’il traite toutes les entreprises minières et pétrolières de spoliatrices de nos ressources; qu’il manque de respect envers Lucien Bouchard en l’accusant d’être traître aux Québécois parce qu’il croit au développement économique sous l’impulsion d’investissements privés venant d’ici et d’ailleurs, toutes ses actions et tous ses discours révèlent quelles sont les convictions, les croyances et les prédilections idéologiques de l’Agité du Plateau.

Remercions le Bon Dieu de ne pas vivre dans un État «Québec-Solidaire». Ce serait une sorte de Cuba Nordique. Les socialo-communistes, ça peut peut-être vous inspirer à l’occasion de la sympathie, mais s’ils se retrouvaient aux commandes de l’État, je vous assure que vous les trouveriez très vite fort déplaisants et tout à fait malfaisants.

(Je me souviens que, dans les années 60, bien des occidentaux, et bien des Québécois, trouvaient Mao, Fidel et Ho Chi Minh avenants, aimables et chaleureux. Sympathiques, quoi! Et ils étaient scandalisés de voir Chinois, Cubains et Vietnamiens fuir par milliers et par tous les moyens leurs lumineux Paradis Socialistes. C’est qu’ils n’avaient pas le malheur d’y vivre.)

Alors, avant de céder à l’extase devant les sparages et les loufoqueries de l’Agité du Plateau, pensez juste un petit moment à l’idéologie néfaste et dévastatrice dont il est le porteur et le porte-parole.

Et je ne peux m’empêcher d’ajouter qu’en plus d’être un écolo-bobo-communiste anti-américain et antisioniste, ce triste sire n’aime manifestement pas le hockey. Ce qui est un comble! Et ce qui le rend à mes yeux encore plus louche et plus pernicieux!

Jacques Brassard

Je prends congé pour quelques semaines. Je pars pour l’Italie avec ma femme, ma fille et mon gendre. Nous allons retrouver ma petite-fille de 18 ans qui a séjourné un an dans une famille milanaise. Et nous la ramenons au pays. Mais avant, comme elle parle maintenant couramment l’italien, elle nous servira de guide et d’interprète dans nos pérégrinations à travers l’Italie. À plus tard. Quelque part au mois d’aout.