vendredi 28 décembre 2012

NOUVELLE ICÔNE FAUNIQUE: LE CARIBOU FORESTIER


(Chronique parue le 28 décembre dans le Journal de Québec)

L’attelage de caribous du Père-Noël est-il formé de caribous de la toundra ou de caribous forestiers? La question est fondamentale car si ce sont des caribous forestiers, ils constituent, selon Greenpeace,  une espèce menacée, et  il faut non seulement protéger leur habitat mais interdire au  Père-Noël de les fouetter.

Lorsqu’il y a plus de dix ans, étant ministre des ressources naturelles, on m’avait informé sur le «caribou forestier», j’avais fait preuve d’une certaine perplexité. Le «caribou forestier»? C’est quoi, ça? Un caribou trop paresseux pour migrer vers le nord? Un caribou qui a décidé de manger comme l’orignal?

En fait, j’ai compris plus tard pourquoi les écolos (et surtout Greenpeace) voulaient en faire une espèce particulière. C’est qu’en protégeant son habitat, voyez-vous, on se trouvait à justifier l’interdiction de récolte dans la forêt fréquentée par cette nouvelle icône faunique. Il fallait absolument donner le statut d’aires protégées à ces territoires.

Je n’ai jamais adhéré à cette approche. Pourquoi l’orignal, l’ours, le loup, le renard, le lièvre sont-ils en mesure de s’adapter dans un milieu forestier faisant l’objet de récolte…et pas le caribou dit forestier?

La question est d’autant plus pertinente que, depuis plusieurs années, on pratique ce qu’on appelle la coupe en mosaïque, ce qui signifie qu’on ne prélève qu’entre 40 et 50% de la matière ligneuse. Toutes les espèces s’accommodent très bien de ce mode d’exploitation. Et pas le caribou?!

Il saute aux yeux qu’on est en face d’une entourloupette pour augmenter la superficie d’aires protégées en forêt boréale. Et on sait qu’en matière de mystification et de désinformation, Greenpeace est inégalable.

N’oublions pas non plus que la multinationale verte et ses caciques «sont devenus au fil des années, écrit Pierre Kohler dans son livre, Le Vrai Visage des Guerriers Verts, toujours plus intolérants dans leur vision des choses, plus insatiables dans leurs exigences et plus effrontés dans leurs affirmations.»

Il faut bien évaluer les conséquences d’une pareille croisade. Déjà, depuis quelques années, en visant 8%, puis 12% d’aires protégées en forêt boréale, il en est résulté une baisse substantielle de la possibilité forestière. Donc un déficit d’approvisionnement qui se traduit concrètement en pertes d’emplois.

Si vous soustrayez 3 millions de mètres cubes à des fins de protection du caribou dit «forestier», c’est 9000 emplois de moins dans un secteur économique déjà durement touché par la crise.

Est-ce que Greenpeace se soucie des êtres humains qui seront éjectés du marché du travail par la mise en œuvre de son plan de sauvetage du caribou dit «forestier»? Pas le moins du monde! Greenpeace, dans toute son histoire, ne s’est jamais préoccupé des dégâts humains provoqués par ses positions et ses actions écolo-extrémistes. Greenpeace a toujours réservé sa compassion pour les baleines, les ours blancs ou les caribous. Les travailleurs jetés à la rue, Greenpeace s’en fout!

Et voilà que Greenpeace part en guerre contre Résolu (l’ex Abitibi-Bowater) qui a pourtant reçu la certification FSC en matière d’aménagement. Les Guerriers Verts vont massacrer sa réputation si l’entreprise ne capitule pas. On connait «les méthodes mafieuses de Greenpeace», selon l’expression d’un quotidien suédois. «Si vous faites ce que nous vous disons de faire, nous vous laisserons en paix. Sinon…»

Il est don impérieux que l’industrie forestière, les syndicats, le monde municipal et l’État résistent à ce chantage éhonté de Greenpeace. L’avenir de l’industrie forestière en dépend.

Jacques Brassard

 

vendredi 21 décembre 2012

EN DIRECT D'UN VILLAGE-FANTÔME

(Chronique parue le 21 décembre dans le Journal de Québec)
                                 

Lorsque je suis devenu ministre de l’environnement à l’automne 94, il y  avait sur mon bureau un rapport du BAPE portant sur un projet de mini-centrale au pied de la chute de Val-Jalbert, site touristique bien connu, tout près de Roberval, ou l’on retrouve, en plus de la chute (qui est magnifique), les ruines d’un village déserté lorsque l’usine de pâte à papier qui s’y trouvait a fermé ses portes en 1927. C’est le village-fantôme.

Le rapport du BAPE était négatif et recommandait au ministre de ne pas autoriser le projet. Et s’il est vrai que  les recommandations du BAPE ne sont pas exécutoires, il n’en demeure pas moins qu’il faut de solides raisons pour ne pas en tenir compte. J’ai donc présenté un projet de décret au Conseil des Ministres donnant suite aux recommandations du BAPE. Il fut adopté et, lors d’une conférence de presse sur le site même de Val-Jalbert, j’ai annoncé que le projet était refusé.

Voilà pour la petite histoire.

Récemment, le même projet, concernant la même chute, est autorisé par le Gouvernement Marois sur la base d’un rapport du BAPE recommandant cette fois-ci sa réalisation. Le projet est piloté par une société communautaire regroupant MRC et Innus.

Les deux projets sont-ils semblables? À première vue, je crois. Mais comme je ne suis pas un écolo de choc, la concrétisation du projet ne perturbera pas mon sommeil. Quelques questions ont quand même surgi dans mon esprit.

Par exemple, je fus étonné de voir les écolos mettre de l’avant un argument de nature économique. Le coût de l’électricité produite, proclamaient-ils, est beaucoup trop élevé (13 cents le Kw) et il est scandaleux que l’on refile la facture aux usagers d’Hydro-Québec. Des écolos qui se soucient de la dimension économique d’un projet et qui se font de la bile pour les usagers, voilà qui est vraiment inusité!

Est-ce à dire que, désormais, ils vont examiner les coûts prohibitifs et l’inefficacité énergétique des grands vire-vent? Vont-ils désormais cesser de se prosterner devant ces gigantesques totems éoliens? À suivre!

D’autre part, j’ai appris de la bouche même de la Première Ministre que ce qui a fait pencher la balance en faveur du projet, c’est le partenariat avec les autochtones de Mashteuiatsh. Ah! Bon! Je n’ai rien contre l’implication des autochtones dans le développement économique mais il ne faudrait pas en faire une condition d’acceptabilité pour tout projet économique sur le territoire du Québec.

J’avoue que ça me chicote de voir, depuis des années, les autochtones s’attribuer une sorte de droit de veto sur les projets de développement économique dans d’immenses territoires dont ils revendiquent ni plus ni moins la propriété. Il s’agit là d’une pratique, devenue courante chez les Premières Nations, de maquignonnage à grande échelle où l’on troque des millions contre d’hypothétiques violations des droits autochtones.

Enfin, j’avoue que j’ai été plutôt estomaqué quand j’ai lu la réaction du député de Roberval, Denis Trottier. Il a déclaré qu’il aurait été contre si le promoteur avait été une entreprise privée. Voilà un cri du cœur qui fleure bon le socialisme. Le projet est communautaire, donc, il est ontologiquement vertueux. Étrange grille d’analyse!

J’en conclus que si le développement du Nord se fait dans un tel carcan «idéologique», il risque malheureusement de ne pas donner les fruits (investissements et création d’emplois) qu’on en attendait.

Jacques Brassard

 

 

vendredi 14 décembre 2012

UNE AUTRE GRAND-MESSE INABOUTIE

(Chronique parue le 14 décembre dans le Journal de Québec)

À chaque année, le gratin climato-alarmiste se rassemble dans des hôtels 5 étoiles climatisés pour se livrer à des séances intensives de parlote sur le péché capital et mortel de l’Humanité, soit ses émissions malfaisantes de CO2.

Mais depuis la grand-messe de Copenhague qui s’est achevée en foire d’empoigne, toutes ces liturgies planétaires  finissent en veillées funèbres. Mais comme on n’ose pas cependant procéder à l’enterrement du Protocole de Kyoto, on le maintient dans le coma artificiel. Mais au fond, entre nous, il est bel et bien mort.

Cette fois-ci, c’est à Doha, au Qatar, qu’on évite encore le constat de décès par une entente de dernière minute qui maintient sous respiration artificiel l’accord de Kyoto…jusqu’en 2020. Mais cet accord n’engage que  certains pays, dont l’Union européenne, fascinée par le suicide économique. Ces pays ne représentent que 15% des émissions de CO2 dans le monde. Le Canada, les États-Unis, les pays émergents, dont la Chine et l’Inde, et les pays pauvres ne sont pas liés par cette entente.

Ceci étant dit, il ne faut pas s’attrister de l’inévitable mise au tombeau du traité de Kyoto puisqu’aucun pays signataire n’a atteint ses objectifs de réduction des émissions de CO2.

Et pour cause. Il aurait fallu pour ce faire stopper la croissance économique et même s’engager dans la décroissance. Encore une fois, mise à part l’Union européenne qui a le goût morbide du déclin, peu de pays croient salutaire de sombrer dans le masochisme économique.

Au contraire, de plus en plus d’États se rendent compte aujourd’hui que les sacrifices imposés par Kyoto sont  inutiles. D’abord, parce que la thèse de la fin prochaine de l’ère des hydrocarbures est désormais invalidée. «L’exploration de territoires inconnus, écrit Claude Allègre dans le Point, le développement de l’offshore, mais surtout la découverte d’hydrocarbures non conventionnels nous conduisent aujourd’hui à penser que, même en tenant compte de la forte croissance des pays émergents, les réserves d’hydrocarbures  sont plutôt de l’ordre du siècle ou peut-être même de deux siècles. La prétendue transition énergétique n’est donc pas pour maintenant!»

Ça tombe bien, car les filières énergétiques dites renouvelables se sont avérées justement inaptes à assurer cette transition. L’éolien, par exemple, trop coûteux et peu efficace, ne peut manifestement pas remplir le rôle majeur que les écolos lui destinent.

Ensuite, et je le répète, les fondements scientifiques de Kyoto se sont désagrégés au fil des ans. Et, tout particulièrement, la croyance en un réchauffement provoqué par les émissions de CO2 d’origine humaine. Si cette thèse ne s’avère plus valide, des traités comme celui de Kyoto sont nuls et non avenus et les Grands Messes climatiques ne sont plus que des jacasseries planétaires, pompeuses et futiles.

Quand donc la science du climat va-t-elle s’affranchir d’un néfaste état de dépendance à l’égard de l’idéologie écolo-réchauffiste?  Lorsqu’on lit Claude Villeneuve, le Maître à penser de l’Université de Chicoutimi, ce n’est pas pour demain.

Récemment, il se désespérait du fait que le taux de CO2 atteigne bientôt 400 parties par million, soit 0,04% de l’atmosphère. Mais il ignorait pourtant le fait majeur de l’arrêt du réchauffement mondial depuis 16 ans. Étonnant tout de même! Et il continue de prendre pour argent comptant les prévisions des modèles climatiques dont les lacunes et les insuffisances sont pourtant connues.

Le réchauffisme est mort, mais il survit encore  dans des carrières  qu’il a inspirées.

Jacques Brassard

vendredi 7 décembre 2012

LE TEMPS PRESSE

(Chronique parue le 7 décembre dans le Journal de Québec)
                                                       

La ministre de L’immigration, Diane de Courcy, s’interroge et s’inquiète tout à la fois sur l’échec relatif de la francisation des immigrants. Elle reconnait que sur plus de  50,000 immigrants qui arrivent chaque année, 12000 d’entre eux ne peuvent dire un mot de français à leur descente d’avion et que 5000 d’entre eux ne s’inscriront à aucun cours de français.

Ce qui signifie, reconnait la ministre, que le Québec «échappe ainsi, année après année, quelque 40% des nouveaux arrivants non francophones.»

Que doit-on conclure de ces faits? D’abord, qu’il est légitime de penser que ces immigrants non francophones et non francisés, ou s’intègrent à la communauté anglophone, ou s’enferment dans un ghetto.

Ensuite, qu’il est tout aussi légitime de conclure que la capacité d’intégration de la société québécoise n’est pas d’un niveau suffisamment élevé en regard du nombre d’immigrants qui arrivent chaque année, puisque plusieurs milliers des nouveaux venus échappent, à chaque année,  à toute francisation.

Enfin, ce qui découle de ces faits, c’est la pertinence de remettre en cause le seuil maximal d’immigrants reçus depuis 2008, soit 55000 par année.

En 2008, rappelons-nous, alors que libéraux et péquistes s’entendaient comme larrons en foire pour juger tout à fait raisonnable d’accueillir 55000 immigrants chaque année (10000 de plus), Mario Dumont, lui, trouvait imprudent et irresponsable de rehausser le seuil à un tel niveau. 45,000, c’était même déjà trop.

Mario Dumont et l’ADQ furent alors accusés de nourrir des préjugés contre les immigrants. Maka Kotto, du PQ, traita même M. Dumont de «lepeniste» (Le Pen étant le chef du Front National, parti français d’extrême-droite). Bref, Mario Dumont fut cloué au pilori pour avoir osé remettre en question et jugé trop élevé le seuil d’immigration.

Pourtant, la question est on ne plus pertinente et légitime. Se pourrait-il que notre incapacité à bien intégrer les immigrants ne soit pas seulement liée à l’insuffisance de ressources et de moyens, mais aussi au fait qu’il en arrive TROP à chaque année? Se poser une telle question n’a rien à voir avec le racisme, la xénophobie ou le «lepénisme».

Regardons ce qui se passe en Europe. Tous les pays se sont ouverts à une immigration massive plus ou moins contrôlée. En France, c’est 200,000 qui arrivent chaque année. Et c’est sans compter les illégaux. Rendez-vous compte : en cinq ans, c’est un million qui débarque. Et tous ces pays se sont englués dans le multiculturalisme. Avec comme conséquence, le communautarisme, c’est-à-dire des communautés culturelles, ethnico-religieuses, repliées sur elles-mêmes. Ce qui signifie également des millions de personnes vivant dans des zones de non-droit (des «territoires perdus de la République», comme on dit en France) assujetties aux prêcheurs islamistes et aux gangs organisés, les deux haïssant leur société d’accueil.

Je sais bien qu’au Québec, nous n’en sommes pas là. Mais les conditions pour y arriver sont bien présentes. D’une part, le multiculturalisme est bien implanté chez nous. Ce qui veut dire que l’on encourage les communautés culturelles  à sauvegarder et à promouvoir leurs identités respectives. Avec comme conséquence que, depuis plus de 30 ans, au Québec comme au Canada, la moindre évocation d’une politique d’immigration fondée sur l’assimilation est perçue comme une hérésie raciste ultra nationaliste. Et d’autre part, nous accueillons trop d’immigrants.

S’il est urgent de renforcer notre loi linguistique, il est tout aussi urgent de revoir à la baisse le seuil d’immigration.

Jacques Brassard