vendredi 25 octobre 2013


                  SUR L’AUTOROUTE DU PARC DES LAURENTIDES
               (Chronique parue dans le Journal de Québec le 27 septembre)
 

On inaugurait récemment la route à quatre voies dans la Réserve Faunique des Laurentides (la 175). À cette occasion, Russel (Aurore) Bouchard, historien devenu historienne, a fait une virulente sortie contre le Parti Québécois, lui déniant toute paternité de cette voie routière. La diatribe me visait aussi de même que Benoit Bouchard.

En ce qui me concerne, je lui donne raison. On peut dire que je n’ai jamais été enthousiaste à l’égard du projet autoroutier dans le parc des Laurentides. Je comprends  alors très bien qu’on m’ait considéré comme un «boulet» dans ce dossier, ayant fait obstacle à sa réalisation.

En fait, je n’ai jamais nié avoir eu des réserves  sur ce projet. Je les ai exprimées sans détour. Et je les ai assumées. Et je les assume toujours.

En fait, je considérais que le projet d’une autoroute dans le Parc était une solution inappropriée, tout en reconnaissant la réalité du problème de sécurité routière. 

En fait, il convient de dire que dès le départ, ce rêve autoroutier est devenu un projet éminemment politique. Le mouvement Accès-Bleuets en a fait une affaire essentiellement politique. Pour Mme Larouche, la région avait le droit indiscutable d’avoir un quatre-voies divisées dans le Parc des Laurentides. Toute autre solution, toute autre approche étaient irrecevables.

À titre de Ministre des Transports, de 1996 à 1998, selon Accès-Bleuets, je n’avais pas d’autre choix que de mettre en branle illico ce projet. Sinon, je devenais un renégat, un traître à la région.

Or, j’ai osé examiner cette proposition de façon rationnelle. En ce sens que j’ai, en regard du problème, tout à fait réel, de sécurité, analysé la pertinence de d’autres solutions, moins coûteuses mais tout aussi efficace, que la construction d’un quatre-voies divisées.

Et il convenait tout d’abord de tenir compte du débit de circulation sur cette route. Il ne dépassait pas 5000 véhicules par jour. Ce qui est peu élevé. Partout dans le monde occidental, les autorités n’envisagent pas  d’autoroute avant d’atteindre au moins 25,000 véhicules-jour.

Or, pour Accès-bleuets, le débit de circulation n’était pas un élément à considérer. Le coût non plus. Il fallait une autoroute, point final!  On aurait pu (on avait déjà commencé) continuer de corriger les courbes dangereuses et multiplier les voies de dépassement et, ce faisant, je suis toujours convaincu que nous aurions atteint l’objectif d’une meilleure sécurité routière. Rien à faire! Fin de non-recevoir de la part d’Accès-Bleuets!

En matière de coût, j’osais avancer que  dépenser plus d’un milliard de dollars pour 5000 véhicules par jour, ce n’était pas, en matière de gestion de fonds publics, une allocation judicieuse de ressources. Et qu’avec le tiers de cette somme, on pouvait rendre cette route tout à fait sécuritaire. Je me suis fait traiter de sans-cœur!

Car, devant toute forme de réticence, on évoquait avec indignation la «route de la mort» ou la «route la plus meurtrière du Québec». À force de le répéter, c’était devenu un dogme intouchable. Même si après le contournement de Stoneham, le nombre d’accidents mortels ayant fortement diminué, la route du Parc a cessé alors d’être «la route la plus meurtrière».

Par ailleurs, j’avais signalé que dépenser plus d’un milliard dans un seul projet allait avoir des effets de retardement (sinon d’enterrement) sur tous les autres projets routiers. Et c’est ce qui est survenu.

J’étais invité à l’inauguration. N’étant pas hypocrite et ne reniant pas les positions que j’ai prises à l’époque, je suis resté chez moi. J’assume, quoi!

Jacques Brassard

 

 

 

 

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