vendredi 25 octobre 2013


                                                 UN MORATOIRE, ÇA PRESSE!
                        (Chronique parue dans le Journal de Québec le 18 octobre)

Ça fait plus de dix ans que je m’obstine à répéter sans cesse que la filière éolienne ne mérite pas la dévotion et le soutien que la classe politique lui voue aveuglément. Je le redis encore : c’est une énergie, non seulement coûteuse, mais dont la fiabilité est beaucoup trop faible (25% d’utilisation).

Et voilà que l’Institut Économique de Montréal et le journaliste d’enquête Michel Morin me font sentir moins seul.

L’étude de l’institut est sans équivoque : l’énergie éolienne est la plus coûteuse des énergies, soit 14,14 cents du KWh, alors que l’électricité issue du bloc patrimonial (la «vieille électricité») coûte 5,5 cents du KWh. Ce qui signifie que les consommateurs québécois subventionnent  généreusement l’énergie des gros vire-vent d’un montant de près de 700 millions de dollars annuellement. C’est là une facture scandaleusement salée afin de permettre à nos politiciens de revêtir la soutane du clergé écolo et de se prosterner devant les totems de la religion verte. Quel navrant spectacle!

Et malgré le fait qu’Hydro-Québec patauge dans les surplus  et doit oublier les profits fabuleux à l’exportation (parce que les Américains, eux, ne lèvent pas le nez sur les gaz de schiste et connaissent une véritable révolution énergétique), le gouvernement persiste à lancer des appels d’offre pour de l’énergie éolienne (800 MW, récemment).

Ce qui va se traduire par des hausses de tarifs si substantielles que les Québécois vont perdre à tout jamais le seul avantage qu’ils avaient en tant que consommateurs et contribuables, soit de bas tarifs d’électricité. Cet heureux temps est terminé.

Le gouvernement devrait faire preuve d’un minimum de lucidité et jeter un coup d’œil sur ce qui se passe en Europe en matière d’énergies dites renouvelables. Il constaterait qu’en cette matière, c’est la débâcle!

Depuis 2005, les États européens ont dépensé (gaspillé) 600 milliards d’euros pour des énergies vertes. Et ce sont les citoyens et les entreprises qui paient la note. Résultat : des tarifs exorbitants. Cette énergie coûteuse et largement subventionnée met sérieusement en péril la compétitivité des économies européennes qui peinent à se sortir de la crise.

Plusieurs États réduisent et même mettent fin aux régimes généreux de subventions. L’Allemagne est un beau cas d’espèce. On y trouve l’électricité la plus chère d’Europe (26,8 centimes d’euro le KWh). Dans le solaire on a dû réduire le tarif de rachat avec comme conséquence des milliers d’entreprises qui ont fermé. Dans l’éolien aussi.

 L’analyste en énergie, Benny Peiser, faisait récemment le constat suivant : « L’Europe avait une stratégie fondée sur deux craintes : tout d’abord, que le réchauffement global était une menace qu’il fallait stopper de manière urgente quel qu’en soit le coût; et deuxièmement, que le monde allait vers une pénurie de combustibles fossiles, ce qui signifiait que le pétrole et le gaz deviendraient de plus en plus chers. Les deux conjectures, malheureusement, se sont avérées fausses.»

Le fiasco européen en matière d’énergies vertes devrait faire réfléchir la classe politique québécoise et l’inciter à plus de clairvoyance. Et la simple prudence, dans de telles circonstances (filières d’une performance  médiocre et hors de prix, surplus d’énergie) devrait se traduire par un moratoire pur et simple sur l’énergie éolienne.

Avant d’aller trop loin et de compromettre la santé économique du Québec, la classe politique devrait impérieusement mettre un terme à ce dévergondage énergétique ruineux.

Jacques Brassard

 

 

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